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Les chroniques de la Rue des livres

Les présentations de romans, albums pour petits et grands, diffusées sur Radio d'Oc Moissac

Articles avec #enfance catégorie

A la table des hommes / Sylvie Germain.- Albin Michel, 2016

Publié le 30 Mai 2016 dans Romans, Nature, Enfance, Langage

A la table des hommes / Sylvie Germain.- Albin Michel, 2016

Un roman proche du conte d’une auteure considérée comme l’une des plus importantes de la littérature française contemporaine et que nous avions reçu avec engouement à la bibliothèque dans le cadre du festival Lettres d’Automne en 2009.

Dans A la table des hommes, nous retrouvons avec un plaisir manifeste les thèmes chers à Sylvie Germain : son écriture qui continue de mêler poésie et mysticisme, interroge toujours l’identité, l’Histoire, la relation à l’autre… avec en filigrane, respirant à chaque page ce rapport fort à la nature que l’on trouvait déjà dans Jours de Colère ou Tobie des Marais.

Le début du roman, proche de la fable et du merveilleux, nous projette immédiatement dans les affres d’un bombardement dans l’arrière-pays d’une contrée qui ne sera jamais nommée. Cela n’est pas l’essentiel… ici ou ailleurs se sont toujours des orages d’acier déchirant le ciel et les chairs. Dans cette ouverture, il s’agit d’une ferme et de tous ses habitants humains ou animaux. Parmi eux, deux rescapés dont un porcelet à peine né. Des débuts dans l’existence chaotiques et douloureux pour cet être dont la survie sera le seul moteur. Une existence ancrée dans le présent :

Tout ce qui n'advient pas dans l'immédiat, ou presque, est pour lui un jamais. Il vit dans la plénitude du présent au sein d'une rondeur temporelle chaque jour renouvelée, non dans l'étendue indéfinie du temps.

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La maladroite / Alexandre Seurat.- Le Rouergue (La brune), 2015

Publié le 8 Février 2016 dans Romans, Maltraitance, Enfance

La maladroite / Alexandre Seurat.- Le Rouergue (La brune), 2015

Un premier roman autour de la maltraitance

Diana a 8 ans. Diana, aura d’ailleurs toujours 8 ans. L’annonce de sa mort qui ouvre le roman par le biais d’un avis de recherche lu dans la presse indique : « Yeux bleus, cheveux châtain clair, de forte corpulence, vêtue au moment des faits d’un tee-shirt rose à manches longues, d’un jean bleu et de ballerines à pétales de fleurs noires ». Il est le point d’ancrage à partir duquel tous ceux et celles qui ont connu l’enfant vont se rappeler, en prenant la parole tour à tour pour tenter de comprendre l’inévitable drame. Un roman polyphonique donc, qui nous plonge dans l’intimité d’une famille mais qui donne également la parole à l’institutrice de Diana, à l’assistante sociale, au gendarme, au médecin-légiste… Bref tous ceux qui ont croisé le destin si vite brisé de Diana. Un roman dans lequel chacun s’interroge sur sa responsabilité, se sent coupable d’avoir discerné si peu dans le calvaire de cette petite fille, se sent coupable de n’avoir pas pu faire mieux, ou plus encore pour la sauver.

Toutes ces voix apparaissent comme le son d’un vent criant, gémissant et bourdonnant tant le malaise qui s’en dégage nous prend à la lecture. Un vent de voix qui s’oppose au silence assourdissant des voix des parents bourreaux à qui la parole ne sera pas donnée.

Diana, l’enfant mal-aimée, abandonnée à la naissance puis reprise par sa mère comme une pièce-rapportée sous la pression de la grand-mère. Diana, que l’on a déclarée mort-née pour masquer la honte de l’abandon n’aura de cesse que de subir les violences d’une mère fantasque et sans instinct maternel et d’un père dont on ne sait pas grand-chose. Diana, écrasée sous le poids de parents manipulateurs qui enveloppent sans effort les doutes qui naissent régulièrement autour d’eux.

Un roman inspiré de faits réels, d’une sincérité troublante autour de la maltraitance physique et psychologique. Une authenticité rare, sans voyeurisme.

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