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Les chroniques de la Rue des livres

Les présentations de romans, albums pour petits et grands, diffusées sur Radio d'Oc Moissac

Les débutants / Anne Serre.- Mercure de France, 2011

Publié le 16 Novembre 2015 dans Romans, Désir, Amour, Femme

Les débutants / Anne Serre.- Mercure de France, 2011

Anne Serre est un écrivain originaire de Bordeaux. Une partie de son œuvre est traversée par une réflexion autour du désir.

Dans les Gouvernantes publié au Mercure de France en 1992, trois femmes cherchent à vivre par le biais de l’érotisme.

Dans Petite Table sois-mise publié chez Verdier en 2012, elle explore avec fracas le sexe en littérature en s’attaquant à la thématique de l’inceste. Toute une famille complètement déjantée s’aime par la chair, dans des intentions pures et innocentes. Ce qui aurait pu être vice pour les personnages devient une célébration des corps. Ce qui n’est pas sans nous rappeler Sade pour la forme…

Le meilleur moyen de vous présenter l’histoire de Les Débutants serait de vous lire la première page car tout y est dit : Anna aime Guillaume avec qui elle vit depuis 20 ans. Il est son homme lumière. Et puis il y a cette rencontre avec Thomas, bien plus âgé. Son homme -mystère. Une attraction incompréhensible mais mutuelle, une passion qui vire très vite à l’obsession.

Nous pourrions nous contenter de lire cette histoire comme un exemple de la crise la quarantaine. Un roman sentimental dans lequel notre héroïne serait écartelée entre deux amours. Le démon de midi féminin. On passerait un bon moment certes. Mais ce livre est bien plus riche. Anne Serre a l’art de peindre avec grand réalisme et sans fausse pudeur toute la palette de sentiments qui traversent Anne : l’interrogation face à ce qu’elle éprouve, l’analyse de sa relation avec Guillaume, la prise avec son désir tumultueux puis sa passion. Sa culpabilité aussi, sa frustration de ne pouvoir choisir et puis ses mensonges et sa fuite en avant.

Qu'aurait été sa vie si Jude n'était pas ainsi apparu? Elle serait restée heureuse et tranquille. En étaient-ils donc arrivés au bout de quelque chose avec Guillaume? Vingt ans, était-ce leur mesure ? La mesure de leur amour? Etaient-ils allés trop loin dans la connaissance l'un de l'autre? La transparence? L'adéquation? Jude l'Obscur est comme une lame qui vient trancher tout cela. On devrait vous prévenir que la vie peut-être renversée, transformée par un songe. On ne serait pas si surpris, on aurait des armes défensives, le temps de se préparer.

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Ce cœur changeant / Agnès Desarthe.- Ed. de l’Olivier, 2015

Publié le 16 Novembre 2015 dans Romans, Femme, Histoire

Ce cœur changeant / Agnès Desarthe.- Ed. de l’Olivier, 2015

Ce cœur changeant, c’est Rose, l’héroïne de ce roman dont on va suivre la vie secouée par les caprices du destin. Elle est issue d’une famille danoise bourgeoise traversée par des drames intimes. C’est une enfant rejetée par sa mère, élevée par Zelada, la nounou-domestique de la famille, chérie par son père René de Maisonneuve.

Chaque personnage de l’existence de Rose nourri des travers particuliers : la mère est nymphomane ; brûlante pour tout homme qui passe mais d’une froideur de glace avec sa propre fille; le père est travaillé par une logique tortueuse qui l’amène à prendre toujours la décision inverse au bon sens et à la logique; sa nounou portée au range de déesse qui lui apprend surtout les tâches ménagères. Il y a enfin la grand-mère maternelle qui noie les drames de sa propre existence sous des montagnes de sucre et de chair…

Rose, elle, est l’ingénue, la candide qui décide à 20 ans de quitter le giron familial pour vivre à Paris avec toute l’innocence possible due à son rang. Elle ne connait rien du monde ni des hommes, vit dans une bulle dorée. Elle finit par errer dans les rues à la recherche d’un travail, comme s’il allait venir du lui-même vers elle :

Elle aimait prononcer cette phrase pour elle-même, «Je cherche un travail», cela lui donnait l’impression d’être à la fois adulte et pauvre, deux états qu’elle n’avait encore jamais connus et qui lui paraissaient particulièrement intéressants.

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La plus belle fille du monde / Agnès Desarthe .- L'école des Loisirs, 2009

Publié le 16 Novembre 2015 dans Romans, Ado

La plus belle fille du monde / Agnès Desarthe .- L'école des Loisirs, 2009

Un petit roman rapide et facile à lire, pour les ados à partir de 13 ans.

L'histoire est racontée par Sandra, 14 ans en classe de seconde, auto-proclamée « moyenne » mais sans être complexée et dont l'ambition est de devenir écrivain, qui nous préviens dès le début du récit : « autant vous le dire tout de suite, je ne suis pas l'héroïne de cette histoire. La plus belle fille du monde, ce n'est pas moi. Je ne suis même pas la plus belle fille du quartier, ni la plus belle de la classe ».

Non, Sandra n'est pas l'héroïne, c'est une narratrice au sens d'observation bien aiguisé qui va nous raconter comment son quotidien pourtant tranquille va être bouleversé par l'arrivée de La Plus Belle Fille du Monde… Que ce soit l'image qu'elle a d'elle-même, sa vision de la vie ou son amitié avec Fleur, Allison et Etienne (scellée par la mort de leur institutrice pendant leur première année de maternelle), tout va être remis en question par l'arrivée de Liouba Gogol… Et le plus énervant dans tout ça, c'est que Liouba est tellement parfaite qu'on n'a même pas envie de la détester…

Mais l'irruption de Liouba dans la vie de Sandra va aussi lui donner l'occasion de soulever beaucoup de questions qu'on se pose à cet âge intermédiaire qu'est l'adolescence : Qu'est-ce que ça fait de grandir ? Est-ce qu'on se réveille adulte un matin sans se rendre compte ? Pourquoi les adultes ne supportent pas les enfants et détestent encore plus les adolescents ? Est-ce que mes parents ne seraient pas aussi paumés que moi dans tout ça ?

C’est aussi l’occasion de parler d’amitié, de l’autre et de l’habitude. Comment faire quand un groupe soudé et dont l’énergie est tellement bien rodée doit accueillir un nouveau membre ? Est-ce que ça ne va pas nous éloigner ? Est-ce que c’est aussi ça grandir : accepter qu’on va faire de nouvelles rencontres et ne pas garder jalousement ceux qu’on aime pour soit ?

Et puis, c’est aussi Liouba qui va pousser, sans qu’elle le sache, Sandra à écrire, à se poser en tant qu’auteur et de réfléchir sur l’écriture et ses mécanismes. Elle parle simplement d’ellipses, de digressions et de métaphores, explique ces procédés narratifs, et donnera peut-être envie à nos ados de se lancer dans la rédaction…

En bref, La plus belle fille du monde, parle des et aux ados, de leur regard changeant sur le monde dans lequel ils évoluent. C’est frais, léger sans être niais, bien écrit et surtout, ça tombe juste.

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Comment parler de l’égalité filles-garçons aux enfants ? / Jessie Magana .- Le baron perché, 2014

Publié le 2 Novembre 2015 dans Documentaires, égalité

Comment parler de l’égalité filles-garçons aux enfants ? / Jessie Magana .- Le baron perché, 2014

PREAMBULE

" Beaucoup d'actions sont menées pour contrer les inégalités : loi sur la parité, le harcèlement sexuel, le congé parental, etc. Mais les mentalités n'ont pas évolué au même rythme que ces mesures. On considère encore qu'une fille doit jouer à la poupée et un garçon aux petites voitures. Qu'un garçon qui pleure est une chochotte. Qu'une fille qui se bat est un "garçon manqué" (cette expression même est révélatrice). Qu'il existe des métiers féminins et masculins. La société a changé mais elle demeure prisonnière des stéréotypes liés à l'identité sexuée des individus, ce qui les enferme dans des rôles prédéfinis.

Seule l'éducation des enfants et la sensibilisation des adultes peuvent venir à bout de ces clichés. Alerter sur le sexisme ordinaire, celui que nous véhiculons tous,hommes et femmes, filles et garçons. Faire attention à nos attitudes, à nos mots, sans tomber dans la caricature et l'artificiel, mais prendre conscience que tout ce que nous faisons et disons est conditionné par notre identité sexuée. Cela ne signifie pas nier les différences entre les garçons et les filles, encore moins essayer de les rendre neutres. Mias dépasser la guerre des sexes pour alerter, faire prendre conscience des inégalités qui persistent et des stéréotypes qui enferment. cela veut simplement dire écouter, respecter la diversité et laisser ouvert, au maximum, le champ des possibles pour nos enfants et ceux que nous côtoyons."

Plein de bonnes raisons, donc de parler de l'égalité filles-garçons...

D'une part parce que cette dite égalité est bien loin d'être réalisée mais aussi pour mieux comprendre que les inégalités ne sont pas innées mais construites; qu'il est important de valoriser les filles sans pour autant oublier de laisser s'épanouir les garçons. Alors on pourrait même rêver de mettre fin à la guerre des sexes.

Sans omettre le plus important : prévenir le harcèlement sexiste qui concerne autant les filles que les garçons qui ne se conforment pas aux clichés liés à leur propre sexe ET prévenir les violences ...

C'est la domination d'un individu sur l'autre qui est à l'origine des violences"

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