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Les chroniques de la Rue des livres

Les présentations de romans, albums pour petits et grands, diffusées sur Radio d'Oc Moissac

Ce genre de choses n’arrive jamais / Mika Waltari.- Actes Sud, 2015

Publié le 1 Février 2016 in Romans, Guerre

Ce genre de choses n’arrive jamais / Mika Waltari.- Actes Sud, 2015

Un court roman de l’auteur finlandais autour de la période trouble d’avant-guerre.

Nous sommes à la veille de la seconde guerre mondiale, en 1939. Coincés en escale dans un aéroport, un homme et une femme qui ne se connaissent pas, décident malgré tout de s’embarquer à bord d’un avion. Tous deux n’ont qu’une idée en tête : poursuivre coûte que coûte leur voyage, malgré les avertissements des autorités qui leur opposent des conditions climatiques dégradées et un contexte trouble de tensions mondiales. Qu’importe. L’homme a des priorités professionnelles (on ne saura jamais lesquelles). La femme, elle, qui paraît dès le premier abord assez fragile psychologiquement est dans une fuite personnelle : il lui faut à tout prix rejoindre l’Egypte. Des destins croisés, qui vont se rejoindre au travers de ce drôle de postulat : le voyage ne peut être interrompu. En route donc, dans un avion qui compte seulement deux passagers, un pilote et un assistant. Une situation extraordinaire et un huis-clos qui prend dès les premières pages l’allure d’un voyage au bout de la nuit.

Le vol devient rapidement périlleux. Ce voyage qui paraissait mettre l’équipage à l’abri des dangers à quelques milliers de mètres d’altitude, et qui paraissait survoler un climat de tensions ne fait que les en rapprocher inexorablement … jusqu’au crash.

Deux survivants : les passagers qui continuent leur voyage à pied, dans une atmosphère de fin du monde. Seuls, au milieu d’une immensité désertique, en pays inconnu jusqu’à un rejoindre un pays sans nom, sans langue. Un pays dans lequel rien n’est vraiment compréhensible mais où se dessine un état de siège dans lequel des soldats parlent allemand. Finalement, cela restera la seule indication formelle de ce court roman où rien n’est nommé. Et le voyage se poursuit cette fois avec une troupe de cirque rencontrée par hasard.

Un voyage qui ne paraît pas avoir de fin, mais qui n’a plus comme objectif que celui d’avancer toujours.

Le roman est assez déstabilisant. Sa forme courte (à peine 110 pages) s’oppose au temps du récit qui s’étire indéfiniment. Rien n’y est jamais nommé. L’écriture est sobre, courte et froide, empreinte d’un détachement particulier. En résulte à la lecture une impression de flottement qui interroge et qui, dans le même temps fait jaillir une sorte de poésie de l’écriture. Ce flottement, c’est un peu comme une anesthésie, une bulle de coton dans ce roman où il ne se passe pas grand-chose, où l’on se demande à quoi sert véritablement le voyage. Un langage poétique mêlé d’absurde pour un voyage qui pourrait traduire l’égarement et l’incompréhension de la guerre naissante. Deux personnages fantomatiques pris malgré eux dans les méandres de l’Histoire.

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