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Les chroniques de la Rue des livres

Les présentations de romans, albums pour petits et grands, diffusées sur Radio d'Oc Moissac

Beso de la muerte / Gilles Vincent.- Jigal polar, 2013

Publié le 21 Février 2014 in Policier, Espagne

Nous sommes en août 1936, en Espagne. La guerre civile en est à ses débuts. Le livre s’ouvre sur l’assassinat de Federico Garcia Lorca et de ses compagnons, exécuté comme un chien dans la pampa andalouse car accusé de sympathie républicaine. Une exécution dirigée par le mystérieux El Capitan dont nul ne connait véritablement le nom, un homme dangereux et inquiétant et redouté de tous. Une seule consigne : ne pas laisser de traces: "Ce trou doit disparaitre des mémoires. Vous n'êtes jamais venus ici, nous ne nous sommes jamais rencontrés, jamais. Le poète vous a échappé, vous ne savez pas ce qu'il est devenu. C'est tout."

Et puis nous basculons en août 2011, en France. Le corps calciné d’une femme est découverte à Marseille… Une enquête confiée à la commissaire Aïcha Saïda, d’origine kabyle, qui épaulée de Roussel, va tenter de lever le voile sur les évènements et mettre à jour des liens directs avec le meurtre de Garcia Lorca quelques 75 ans plus tôt. Car sa dépouille n’aura eu de cesse d’être cherchée.

On traverse plus de 60 ans de l’histoire espagnole, de la guerre civile à la transition démocratique, les alliances politiques franco-espagnole, la lutte anti-terroriste… Un livre comme une mise en lumière. D’ailleurs on nous interpelle directement : "Etudier l'Espagne contemporaine, voyez-vous, c'est passer son temps à mettre de la lumière là où l'ombre s'obstine. (...) Fouiller les plaies de la guerre civile, mettre à jour des crimes impunis, jeter sur la place publique des noms qui, jusque-là, s'accommodaient du silence"

Et toujours en toile de fond, Garcia Lorca et sa poésie, cet homme qui continue de déchaîner les passions… au point que le mobile principal pour une fois, n’est plus l’argent ou  le sexe, mais l’amour de la poésie.

Aux échecs, on parle de baiser de la mort quand un joueur place sa dame juste à côté du roi adverse (le plus souvent soutenue par une autre pièce ou bien par un pion) et gagne ainsi la partie.

C’est bien un livre qui se lit comme une partie d’échecs… Moi qui suis plutôt dames chinoises (la stratégie, ce n’est pas mon fort à haute dose), j’ai lu ce polar sans pouvoir prévoir les coups d’avance… à l’image d’ailleurs des enquêteurs qui ont toujours un train de retard et se sentent manipulés… Un régal donc, car un polar où l’on sait déjà où l’on va, perd de son piment. On a quelques intuitions pourtant, mais ça ne suffit pas...

Beso de la muerte / Gilles Vincent.- Jigal polar, 2013
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