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Les chroniques de la Rue des livres

Les présentations de romans, albums pour petits et grands, diffusées sur Radio d'Oc Moissac

Là où vont nos pères / Shaun Tan.- Dargaud, 2007

Publié le 31 Octobre 2016 dans BD, Migration, Voyage, Famille, Différence

Une bande dessinée sans paroles autour de la migration, qui interroge le sentiment d’appartenance, la projection vers un ailleurs inconnu tout comme le lien familial mis à l’épreuve. 

Prix du meilleur album au festival d’Angoulême (2008)


L’auteur  a grandi dans la banlieue nord de Perth en Australie. De père chinois, il a ressenti plus ou moins directement ce sentiment d’être étranger et s’est intéressé l’histoire des migrants en Australie et ailleurs. Artiste freelance et auteur, il se concentre principalement sur les livres illustrés pour la jeunesse.

Là où vont nos pères est une histoire de migration racontée comme une série d’images sans mots qui peuvent sembler provenir d’une époque oubliée.

Un homme laisse sa femme et sa fille dans une ville que l’on devine touchée par une crise pour tenter sa chance dans un pays inconnu, de l’autre côté de l’océan.

Après une longue traversée, il finit par se retrouver dans une cité étrange dont il ne comprend pas les coutumes; il y découvre des animaux inconnus, de curieux objets flottants et une langue incompréhensible.

Avec pour seul bagage une seule valise et un peu d’argent, ce migrant doit trouver un endroit où loger, de la nourriture et un emploi. Il est aidé le long de son parcours par de sympathiques inconnus, chacun portant sa propre histoire muette de migration et de lutte pour la survie dans un monde de violences incompréhensibles, de bouleversements et d’espoir.

Sans pour autant fermer les yeux sur le déchirement familial et les difficultés d’adaptation, l’auteur porte résolument son message vers l’espoir et l’optimisme.

 

Si le thème de la migration est universel, le langage utilisé et l’univers onirique dépassent les frontières. Le désarroi face à la découverte d’un autre monde, d’une autre culture et les obstacles à l’intégration sont amplifiés par le choix d’un monde imaginaire, mélange de féérie et de surréalisme. Entièrement muette, cette histoire graphique permet toutefois de donner la parole à tous ces exilés qui se retrouvent perdus en terre étrangère ainsi qu’à tous ceux les y accueillent.

Là où vont nos pères / Shaun Tan.- Dargaud, 2007
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La petite fille de Monsieur Linh – Philippe CLAUDEL- Livre de Poche, 2007

Publié le 12 Octobre 2016

La petite fille de Monsieur Linh – Philippe CLAUDEL- Livre de Poche, 2007

C’est un petit bijou, un condensé de phrases simples, courtes mais percutantes. Cela pourrait être une longue nouvelle mais ce récit porte le nom de roman, il le doit sans doûte à la charge émotionnelle qu’il porte, à l’emprise qu’il a sur le lecteur une fois le livre ouvert.

Dès la première phrase, l’image jaillit des mots et notre empathie avec.

« C’est un vieil homme debout, à l’arrière d’un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est le seul à savoir qu’il s’appelle ainsi car tous ceux qui le savaient sont morts autour de lui. Debout à la poupe du bateau, il voit s’éloigner son pays, celui de ses ancêtres et de ses morts, tandis que dans ses bras l’enfant dort. Le paysage s’éloigne, devient infiniment petit, et Monsieur Linh le regarde disparaître à l’horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle et le chahute comme une marionnette. »

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Zoli – Colum Mc CANN- 10/18, 2007

Publié le 12 Octobre 2016 dans Romans, Exil, Histoire

Zoli – Colum Mc CANN- 10/18, 2007

Zoli doit son titre au prénom d’une héroïne rom, chanteuse et poétesse, portée aux nues puis bannie par les siens suite aux évènements de la seconde guerre mondiale.

C’est une romance tragique, la vie de cette jeune femme communiste qui subit les manipulations politiques les plus habiles, qui va défendre jusqu’au bout sa culture.

C’est une immersion dans le monde rom avec ses coutumes, ses règles, ses cicatrices laissées par l’histoire.

Une ode à l’écriture, à l’amour des livres, à la nature et à la forêt, à la musique, à la liberté.

Il veut leur dire qu’il est là pour Zoli, vous savez, Zoli, elle est née près d’ici, une tzigane poétesse, elle chantait, communiste elle aussi, membre du parti, elle voyageait avec les harpistes, elle a été bannie, son nom, sa musique vous disent-ils quelque chose, « Nous chantons pour sucrer l’herbe morte, « l’avez-vous vue, se souvient-on d’elle. « Des fêlures, des brisures, je fais mon nécessaire, est-elle maudite, lui a-t-on pardonné, a-t-elle laissé une trace « Non jamais, jamais qui m’appelle du doigt ne sera droit » Vos pères vous ont-ils raconté l’histoire, vos mères l’ont-elles chantée, l’a-t-on laissée revenir ? Mais lorsqu’il prononce son nom, lorsqu’il s’avance pour dire : « Avez-vous entendu parler de Zoli Novotna ? », l’air se fige, les verres se baissent, les cigarettes s’immobilisent devant les lèvres, le silence caracole. Boshor répond en regardant la porte : « Non, je ne connais pas ce nom là. Tu as compris, nuque épaisse ? Et même si je le connaissais, on n’en parlerait pas ».

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Ma grand-mère perd la tête / Corinne Dreyfuss, Ed. T. Magnier 2016

Publié le 3 Octobre 2016 dans romans jeune

Ma grand-mère perd la tête / Corinne Dreyfuss, Ed. T. Magnier 2016

Pas vraiment une nouveauté cette fois-ci mais une réédition d’un très joli texte sur la vieillesse, l’amour filial et les relations intergénérationnelles. Ce court roman est paru pour la première fois en 2004, chez le même éditeur, mais il ressort aujourd’hui, et c’est tant mieux, parce qu’à la bibliothèque, on est tous d’accord pour dire qu’on a eu des poussières dans les yeux juste après l’avoir lu…

La grand-mère de l’histoire perd la tête, mais qu’est-ce que ça veut dire perdre la tête ? Est-ce qu’un jour on se réveille et notre corps s’arrête au-dessus du cou ? Comment on fait pour PERDRE sa tête ? Y aurait-il une personne mal intentionnée qui vient en cachette voler la tête des petits vieux et les revendre au marché noir ? Ce roman, c’est un moyen pour les enfants de comprendre ce qu’il se passe quand on leur parle d’Alzheimer, de Parkinson ou simplement quand on leur dit « Mamie perd la tête », mais c’est surtout une véritable déclaration d’amour d’une petite fille pour sa grand-mère.

Corinne Dreyfuss a su trouver les mots justes sans tomber dans le pathos pour expliquer un passage de la vie qu’il est bien souvent compliqué d’aborder avec les enfants. Parce que n’oublions pas, la littérature jeunesse ne sert pas qu’à divertir, bien sûr c’est un échappatoire, une pause dans le temps, mais elle est aussi là pour que les adultes de demain puissent appréhender se qu’il se passe autour d’eux. Elle est formatrice et les soutient dans les différentes étapes de leur développement. Son but, c’est de leur donner les clés de compréhension du monde qui les entoure.

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Une nuit à la bibliothèque / Chiaki Okada et Kazuhito Kazeki

Publié le 2 Octobre 2016 dans Albums

Une nuit à la bibliothèque / Chiaki Okada et Kazuhito Kazeki

Entre vous et moi, qui n’a jamais rêvé de savoir ce qu’il se passe dans une bibliothèque quand elle est fermée au public ? Tout le monde en meurt d’envie, j’en suis sûre. Alors si vous aussi vous voulez découvrir les secrets les mieux gardés des bibliothécaires, je vous conseille d’ouvrir ce bel album aux illustrations toutes douces.

Les enfants accompagnés de leurs doudous vont à la bibliothèque pour écouter des histoires, mais une fois la première terminée, les peluches se sentent un peu fatiguées... On décide donc de leur accorder un peu de repos, on se dit au revoir et à demain. Sauf qu’une fois la lumière éteinte et les enfants partis… c’est la fête chez les doudous, ils sortent tous les livres des étagères, mettent un bazar sans nom et surtout : Ils font du bruit ! Si vous nous connaissez bien, vous savez que les bibliothécaires ont l’oreille particulièrement sensible et qu’il n’en faut pas beaucoup pour nous alerter ! Heureusement pour les doudous, nous sommes aussi plutôt sympas alors plutôt que de les punir, on va les initier au métier, leur faire découvrir l’univers fascinant de la classification, leur apprendre comment se servir d’une douchette et aussi à faire des chapeaux en papier… Bien sûr les doudous s’installent pour lire des livres, et après cette aventure riche en émotions, s’endorment jusqu’au retour des enfants au matin.

Alors bien évidement, j’ai une confession à vous faire : la nuit, les bibliothécaires ne restent pas à la bibliothèque… ils rentrent chez eux et font un petit somme… Et oui, un peu comme les maitresses qui vont faire leurs courses au supermarché, les bibliothécaires ont aussi une vie en dehors de leur travail ! Tout ce que l’on voit dans cet album se passe plutôt dans la journée, quand nous ne sommes pas encore ouverts au public. Mais ça n’empêche pas d’apprécier cet album qui présente notre métier et notre lieu de travail aux plus petits avec un peu d’humour et beaucoup de douceur, notamment grâce au travail attendrissant de l’illustration, fait au crayon, sans encrage pour venir durcir les traits, qui nous donne l’impression d’être dans une bulle ou un cocon le temps d’une lecture.

Un livre dès 2/3 ans, pour se familiariser avec l’univers des livres et dépoussiérer l’image des vilains bibliothécaires acariâtres. On a peut-être des lunettes et un chignon, mais certainement pas l’envie de vous dire de vous taire à tout bout de champs !

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