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Les chroniques de la Rue des livres

Les présentations de romans, albums pour petits et grands, diffusées sur Radio d'Oc Moissac

Cueillir l’instant avec les épicuriens / Angélique Gaillon Jacquel.- Eyrolles (vivre en philosophie), 2014

Publié le 29 Février 2016 dans Documentaires, Philosophie

Cueillir l’instant avec les épicuriens / Angélique Gaillon Jacquel.- Eyrolles (vivre en philosophie), 2014

Ou comment appliquer les leçons philosophiques d’Epicure dans sa vie quotidienne.

Plus qu’un livre à lire… un livre à faire.

L’Epicurisme, trop souvent réduit au simple Carpe Diem est dès sa création une doctrine sulfureuse tant par son matérialisme que par son appel au plaisir. Sa philosophie vise à rendre avant tout heureux celui qui la pratique.

Ce petit ouvrage dense mais très accessible se propose donc de nous accompagner dans cette recherche philosophique. Un manuel, en quelque sorte ; un petit guide de vie.

Et la première leçon serait sans doute celle-là : à l’image d’Epicure et de la plupart des philosophes de l’Antiquité, tentons de mettre nos vies en accord avec notre pensée. Aidons-nous nous-mêmes, pratiquons la philosophie pour trouver le chemin d’un bonheur accessible.

Selon Epicure, car autant partager dès maintenant sa pensée, nous vivons sous l’emprise de la peur, de notre désir impossible à satisfaire et de notre imagination (la superstition et la religion). Nous méconnaissons les limites pris par une soif immodérée de plaisirs ou par un sentiment d’insécurité et nous souffrons.

En écho à 2084 de Boualem Sansal, précédemment chroniqué, un extrait de la pensée d’Épicure concernant l'erreur religieuse (notons toutefois qu'il s'agit d’avoir en tête le contexte dans lequel le philosophe étaye ses thèses... nous sommes dans l'Antiquité avec une multitude de dieux dont Épicure fait la critique sans pour autant être athée) :

Celui qui se réfugie derrière des pratiques superstitieuses ou religieuses souffre peut-être moins sur le coup, cependant, il souffre plus longtemps et, contrairement au sage, il se coupe la voie du bonheur.

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2084 : la fin du monde / Boualem Sansal.- Gallimard, 2015

Publié le 22 Février 2016 dans Romans, Révolte, Liberté, Religion

2084 : la fin du monde / Boualem Sansal.- Gallimard, 2015

Un roman autour du fondamentalisme religieux.

Bienvenue en Abistan, contrée imaginaire et véritable empire religieux.

Son prophète : Abi. Son dieu, Yölah. Son livre sacré : le Gkabul.

Un pays clôt sur lui-même, qui ne connaît pas de frontières (ou presque), qui ne connaît pas de passé. Sachez que rien n’existe, n’a existé ni n’existera en dehors de l’Abistan. Depuis son instauration, ce système politico-religieux a bien fait table rase du passé. Il y a bien eu en des temps reculés, une guerre menée contre l’Ennemi, quelques traces encore perdurent mais « la victoire fut sur lui totale, définitive, irrévocable » selon l’enseignement officiel. N’existe plus que le présent. Seule une date figurant sur les panneaux commémoratifs plantés près des vestiges s’est imposée et s’est incrustée dans les cerveaux, « sans qu’on sache comment ni pourquoi » : 2084.

Peut-être avait-elle un lien avec la guerre ? Et puis...

Un temps fut retenue l’idée que 2084 était tout simplement l’année de naissance d’Abi, ou celle de son illumination par la lumière divine… "

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Ce que je sais (enfin !) / Carrie Hope Fletcher .- Albin Michel Jeunesse, 2015

Publié le 22 Février 2016 par Mélanie dans Documentaires, Témoignage, Ado

Ce que je sais (enfin !) / Carrie Hope Fletcher .- Albin Michel Jeunesse, 2015

A mi-chemin entre le documentaire et la biographie, Carrie Hope Fletcher nous livre ici ses réflexions de jeune adulte sur son adolescence et ce qu’elle a pu apprendre au cours de ces années un peu mouvementées émotionnellement.

A 22 ans, la jeune femme qui tient le rôle d’Eponine dans la comédie musicale Les Misérables depuis près de trois ans à Londres, est aussi auteur, illustratrice et s’apprête à publier son premier roman au mois de juin. Ce que je sais (enfin !) est un véritable guide de survie pour les adolescents qui n’auraient pas l’envie ou la possibilité de poser toutes les questions qui les taraudent aux adultes qui les entourent. Carrie se pose comme la grande sœur de ses lecteurs, celle à qui on ose demander ce que ça fait d’embrasser quelqu’un pour la première fois, celle à qui on va dire qu’on a peur d’aller en cours parce qu’on ne sait pas trop comment se lier d’amitié avec les gens de notre classe.

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Mi amigo / W.R. Burnett.- Actes Sud, 2015

Publié le 15 Février 2016 dans Romans, Western

Mi amigo / W.R. Burnett.- Actes Sud, 2015

Bienvenue dans l’Ouest !

Le sergent Desportes, vieux briscard aussi courageux que respecté, défend la loi dans le sud-ouest américain. Homme honnête, brave et généreux, tout entier dévoué à sa cause. Surnommé l’Homme de Fer, car capable de faire régner la paix dans ce pays de violence. Un ouvert et réfléchi, qui respecte les coutumes des Indiens, leur religion et leurs peurs.

Il rencontre et sauve dans le désert un étrange gamin à la jambe fracturée, Bud, dont le cheval a été blessé. Entre ces deux hommes si dissemblables naît une étrange amitié, à la fois ambiguë et teintée, chez le sergent, de sentiments paternels. W. R. Burnett s'est inspiré de Billy the Kid pour créer le personnage si moderne de Bud, ce gamin aux multiples facettes, secret et ambitieux, intelligent et roublard, qui a quelque chose du pervers narcissique. Un gamin inculte mais malin, séduisant et manipulateur.

Au fil des traques s'enchaînant sans relâche, admiration et trahison s'avèrent indissociables.

L’écriture est à la fois haletante et fluide. Chose surprenante à laquelle on s’adapte assez vite : Burnett et ses bifurcations, ses ruptures de rythme. Un changement de chapitre peut faire parfois l’objet d’un énorme saut dans le temps, où s’intéresser sans préavis à un autre personnage. On se donne l’impression de galoper dans l’immensité de l’Ouest à toute allure puis de prendre un virage à sec pour contourner un canyon ou se retrouver pris dans une fusillade avec des hors-la loi.

On y rencontre Natty, un vieux briscard, « toujours aussi gros et aussi sale » que rien ne peut plus sauver de l’enfer, un prospecteur et ami du sergent avec qui il partagea le bon vieux temps fait de bagarres et d’aventures en tout genre.

On y rencontre aussi Aigle Noir un jeune Appache de 20 ans ; quelques figure féminines loin d’être inintéressantes : la commandante ; Lolita, Maria… et puis des Anglos, des mexicains… dans ces contrées sauvages dans lesquelles la violence règne.

Une célébration des vastes espaces et une galerie de personnages tous aussi marqués les uns que les autres qui participent à nourrir l’imaginaire des grands mythes américains…

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Le super livre des petits marmitons / Marie Pourrech et Emmanuel Malherbe .- Ed. Les Deux Coqs d'Or, 2015

Publié le 9 Février 2016 dans Documentaires, Cuisine

Le super livre des petits marmitons / Marie Pourrech et Emmanuel Malherbe .- Ed. Les Deux Coqs d'Or, 2015

Une fois n'est pas coutume, cette semaine en jeunesse nous vous présentons un documentaire !

Fans de Masterchef ou du Plus Grand Pâtissier accrochez vous à vos tabliers parce que vous allez être servis !

Ce livre est avant tout un très bel objet : il est relié, le papier est épais, résistant (ce qui est un sacré plus pour un livre destiné à être utilisé relativement souvent en cuisine quand même), le travail d'impression est de très belle qualité, les couleurs sont éclatantes, la présentation de l'ouvrage est moderne, dynamique et appétissante, le tout pour la modique somme de 13.95€ ! Il faut le faire non ?

Il y a plein de photos, des idées de présentations rigolotes mais pas niaises, et je crois que c'est ce qu'on a préféré au fond : ce livre de cuisine est adapté aux plus jeunes mais il ne les prend pas pour des imbéciles pour autant. Les recettes sont certes simple, mais elles ne sont pas barbantes. On apprend à faire des cocktails sans alcool, de quoi garnir généreusement un buffet apéritif, des tonnes de gâteaux tous aussi alléchants les uns que les autres.

Les explications sont limpides, tout est noté du temps de préparation aux ustensiles nécéssaires, des étapes indispensables à celles facultatives ou qu'on peut détourner pour changer un peu la recette.

Vous l'aurez compris, à la bibliothèque ça nous a donné envie de nous remettre aux fourneaux et de cuisiner à tout va ! Alors sortez spatules et balances, enfilez tabliers et toques parce que ce soir : c'est vous qui cuisinez !

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La maladroite / Alexandre Seurat.- Le Rouergue (La brune), 2015

Publié le 8 Février 2016 dans Romans, Maltraitance, Enfance

La maladroite / Alexandre Seurat.- Le Rouergue (La brune), 2015

Un premier roman autour de la maltraitance

Diana a 8 ans. Diana, aura d’ailleurs toujours 8 ans. L’annonce de sa mort qui ouvre le roman par le biais d’un avis de recherche lu dans la presse indique : « Yeux bleus, cheveux châtain clair, de forte corpulence, vêtue au moment des faits d’un tee-shirt rose à manches longues, d’un jean bleu et de ballerines à pétales de fleurs noires ». Il est le point d’ancrage à partir duquel tous ceux et celles qui ont connu l’enfant vont se rappeler, en prenant la parole tour à tour pour tenter de comprendre l’inévitable drame. Un roman polyphonique donc, qui nous plonge dans l’intimité d’une famille mais qui donne également la parole à l’institutrice de Diana, à l’assistante sociale, au gendarme, au médecin-légiste… Bref tous ceux qui ont croisé le destin si vite brisé de Diana. Un roman dans lequel chacun s’interroge sur sa responsabilité, se sent coupable d’avoir discerné si peu dans le calvaire de cette petite fille, se sent coupable de n’avoir pas pu faire mieux, ou plus encore pour la sauver.

Toutes ces voix apparaissent comme le son d’un vent criant, gémissant et bourdonnant tant le malaise qui s’en dégage nous prend à la lecture. Un vent de voix qui s’oppose au silence assourdissant des voix des parents bourreaux à qui la parole ne sera pas donnée.

Diana, l’enfant mal-aimée, abandonnée à la naissance puis reprise par sa mère comme une pièce-rapportée sous la pression de la grand-mère. Diana, que l’on a déclarée mort-née pour masquer la honte de l’abandon n’aura de cesse que de subir les violences d’une mère fantasque et sans instinct maternel et d’un père dont on ne sait pas grand-chose. Diana, écrasée sous le poids de parents manipulateurs qui enveloppent sans effort les doutes qui naissent régulièrement autour d’eux.

Un roman inspiré de faits réels, d’une sincérité troublante autour de la maltraitance physique et psychologique. Une authenticité rare, sans voyeurisme.

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Ce genre de choses n’arrive jamais / Mika Waltari.- Actes Sud, 2015

Publié le 1 Février 2016 dans Romans, Guerre

Ce genre de choses n’arrive jamais / Mika Waltari.- Actes Sud, 2015

Un court roman de l’auteur finlandais autour de la période trouble d’avant-guerre.

Nous sommes à la veille de la seconde guerre mondiale, en 1939. Coincés en escale dans un aéroport, un homme et une femme qui ne se connaissent pas, décident malgré tout de s’embarquer à bord d’un avion. Tous deux n’ont qu’une idée en tête : poursuivre coûte que coûte leur voyage, malgré les avertissements des autorités qui leur opposent des conditions climatiques dégradées et un contexte trouble de tensions mondiales. Qu’importe. L’homme a des priorités professionnelles (on ne saura jamais lesquelles). La femme, elle, qui paraît dès le premier abord assez fragile psychologiquement est dans une fuite personnelle : il lui faut à tout prix rejoindre l’Egypte. Des destins croisés, qui vont se rejoindre au travers de ce drôle de postulat : le voyage ne peut être interrompu. En route donc, dans un avion qui compte seulement deux passagers, un pilote et un assistant. Une situation extraordinaire et un huis-clos qui prend dès les premières pages l’allure d’un voyage au bout de la nuit.

Le vol devient rapidement périlleux. Ce voyage qui paraissait mettre l’équipage à l’abri des dangers à quelques milliers de mètres d’altitude, et qui paraissait survoler un climat de tensions ne fait que les en rapprocher inexorablement … jusqu’au crash.

Deux survivants : les passagers qui continuent leur voyage à pied, dans une atmosphère de fin du monde. Seuls, au milieu d’une immensité désertique, en pays inconnu jusqu’à un rejoindre un pays sans nom, sans langue. Un pays dans lequel rien n’est vraiment compréhensible mais où se dessine un état de siège dans lequel des soldats parlent allemand. Finalement, cela restera la seule indication formelle de ce court roman où rien n’est nommé. Et le voyage se poursuit cette fois avec une troupe de cirque rencontrée par hasard.

Un voyage qui ne paraît pas avoir de fin, mais qui n’a plus comme objectif que celui d’avancer toujours.

Le roman est assez déstabilisant. Sa forme courte (à peine 110 pages) s’oppose au temps du récit qui s’étire indéfiniment. Rien n’y est jamais nommé. L’écriture est sobre, courte et froide, empreinte d’un détachement particulier. En résulte à la lecture une impression de flottement qui interroge et qui, dans le même temps fait jaillir une sorte de poésie de l’écriture. Ce flottement, c’est un peu comme une anesthésie, une bulle de coton dans ce roman où il ne se passe pas grand-chose, où l’on se demande à quoi sert véritablement le voyage. Un langage poétique mêlé d’absurde pour un voyage qui pourrait traduire l’égarement et l’incompréhension de la guerre naissante. Deux personnages fantomatiques pris malgré eux dans les méandres de l’Histoire.

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