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Vous souvenez-vous du Liseur du 6h27 (émission 32) de Guylain Vignolles et de la Zerstor 500, cette Chose qui déchiquetait les livres ? Ce premier roman du nouvelliste Jean-Paul Didierlaurent ?
Revenons-donc à son activité de nouvelliste avec le recueil Macadam. 11 histoires tour à tour drôles, poétiques ou carrément noires. Un concentré regroupant les meilleurs textes de l’auteur écrits entre 1997 et 2012.
L’avantage avec les nouvelles, c’est qu’on peut les picorer, passer de l’une à l’autre et changer d’univers. Chacune d’elle nous propose un individu quelque peu ordinaire (un curé, une dame-pipi, une jeune femme au guichet autoroutier, un enfant, un toréador…) mais joue sur les failles et les lignes de rupture qui peuvent apparaître dans leurs vies. Rien de dramatique la plupart du temps, car l’auteur joue facilement avec chacun des registres émotionnels en dépeignant en seulement quelques pages l’intimité de chacun d’eux.
Le recueil s’ouvre par exemple sur In nomine Tetris dans lequel le prêtre Duchaussoy qui s’ennuie (la routine peut-être terrible…), joue à la Game Boy pendant les confessions. « Si les voies du Seigneur étaient impénétrables, celles du Tétris ne l’étaient plus pour lui. »
Truculent même si aujourd’hui il jouerait plus facilement à Candy Crush !
Mosquito aborde quand elle le destin tragique de celui qu’on appelle L’Ange de Séville, un toréador encorné dans l’arène… la faute probablement au trompettiste qui rata une note, ou plutôt non… la faute d’une mouche…
Deux nouvelles, à mon avis, sortent du lot… sans doute est-ce dû à mon goût prononcé du dramatique et du tragique… Tout d’abord Shrapnel qui évoque le traumatisme d’un homme confronté au combat et qui revient sur les lieux dans ses dernières heures. Jean-Paul Didierlaurent nous offre là une histoire d’une intensité particulière avec cette économie de mots que l’on attend toujours de la part de la nouvelle. Et puis, il y a Rose Sparadra, qui fait entendre la voix criante d’une enfant qui fait basculer une réalité trop éprouvante derrière le voile de l’imaginaire, un voile qui sera levé dans la derrière phrase du texte. Plus la chute arrive brutalement, plus on se retrouve saisi à la lecture…
Une autre encore traitera avec tendresse du handicap moteur de Mathilde qui travaille à un guichet autoroutier (Macadam) ; une autre encore de la folie d’un homme (Le Vieux) ; ou d’un fossoyeur qui enterre les aiguilles de chacun des deux clochers des villages, l’un catholique, l’autre protestant, pour mettre fin à la discorde.
Macadam de l’humour noir, parfois grinçant, de la délicatesse et de la tendresse envers chaque personnage pour des univers très variés qui vont droit au cœur.