Un véritable coup de cœur pour ce roman dans lequel quelques feuillets oubliés peuvent devenir un trésor.
Mathilde, la trentaine, est relieur dans le Sud-Ouest, dans le petit village plus précisément de Montlaudun auquel elle est très attachée. Elle y tient l’atelier du Gué dans une petite ruelle et voisine avec d’autres boutiques dont les propriétaires sont aussi des amis : André, le boulanger, Sébastien le cordonnier … Tous s’entraident et font vivre avec énergie le village. Mathilde que l’on connait peut-être déjà par la lecture de La relieuse du Gué est une femme facile à vivre, attachée au souvenir de son grand-père. Une personne un peu timide, honnête et passionnée qui a l’art de la restauration, l’amour du livre et l’amour de l’ancien.
Mais ses habitudes vont un jour être bousculées par l’arrivée impromptue d’Astride Malinger, relieur-doreur à Royssac, à quelques soixante kilomètres de là. Une femme « grande, mince, cheveux poivre et sel », une peau de marbre et des grands yeux noirs de biche, qui souhaite l’associer à la restauration d’un Premier Folio de Shakespeare très précieux dont il faudra à tout prix garder le secret. Astride Malinger dont la réputation n’est plus à faire, est une femme très particulière : autant elle peut se montrer douce et séductrice, elle dont « le timbre avait une résonnance intérieure soufflée, grave et sensuelle », autant elle peut sans prévenir, devenir cassante, méfiante, désagréable et dédaigneuse. Mathilde est bien sûr impressionnée face à ce grand nom du métier. A la fois sous le charme et complètement désarçonnée face à l’attitude inconstante d’Astride. Désorientée. Interloquée. Un peu soumise. Curieuse, également. Sans doute est-ce tout cela qui lui fait finalement accepter cette collaboration.