Voici deux ouvrages construits à la manière d’un dictionnaire, qui nous invite au travers des pages à traverser l’histoire de tous ceux qui ont élevé et porté haut l’idée du rire.
Certains feront leur la maxime de Staline pour qui : « un peuple heureux n’a pas besoin d’humour ». Moi, je serai plutôt du type rabelaisien en ce sens où il me semble bien que « le rire est le propre de l’homme ».
Alors même si d’aucuns cherchent à le mettre en cage, l’engraisse ou le gâte jusqu’à ce qu’il s’affaisse, s’abaisse et s’endort, n’oublions pas qu’il peut être aussi cet insolent bouffon ou ce rire léger « qui vole, jailli de notre envie de vivre libre ».
Prenons par exemple les dadaïstes dont le premier manifeste en 1918 clame que « Dada est idiot. Le véritable dadaïste, il rit, il rit. » Ils sont les premiers à injecter le rire, le burlesque et l’idiotie dans l’art. Il y a aussi pêle-mêle Bertand Blier, chantre de l’humour contre ; Diogène cette grande gueule, pourfendeur sarcastique des contraintes sociales, ironique féroce au service de la défense du genre humain ; Guy Bedos, Coluche, Desproges, le cinéaste Buñuel, Hara-Kiri puis Charlie-Hebdo, Pierre Dac, Frédéric Dard, Erasme et son rire laïc, Feydeau ou bien Boris Vian ou Mark Twain l’irrévérencieux pour qui l’humour permet d’aborder des sujets graves et d’échapper à la censure et aux représailles : l’humour, « c’est l’arme des contrebandiers qui passent en douce des choses que la société réprouve ». Il y a encore les Zinzins suisses qui détournent la carte postale traditionnelle en pastiche. Comme le dit une de leur amie, « chez nous en France, quand on lance une blague, on s’arrête vite. Eux, ils enfoncent le clou jusqu’au bout. Ils ont une façon à eux, tendre et débridée, de détourner les choses ».