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Les chroniques de la Rue des livres

Les présentations de romans, albums pour petits et grands, diffusées sur Radio d'Oc Moissac

Le jour où Nina Simone a cessé de chanter / Darina al-Joundi, Mohamed Kacimi .- Actes Sud (Babel), 2010.

Publié le 30 Mars 2014 dans Romans, Liban

Le jour où Nina Simone a cessé de chanter / Darina al-Joundi, Mohamed Kacimi .- Actes Sud (Babel), 2010.

Un titre accrocheur et qui questionne. S'agit il de la vie de cette grande voix du jazz ? Un des derniers livres que j'ai eu entre les mains était une fiction de la fin de vie de l'artiste alors soyons curieuse confrontons les points de vue.

J'ai tout faux, car il s'agit de bien autre chose même si l'évocation de Nina Simone est une manière de rendre hommage à cette grande dame.

Ce témoignage se situe dans le Liban contemporain à travers une gamine qui grandit et qui deviendra femme, dans une ville meurtrie par les guerres incessantes, le poids des religions .

Un père Syrien journaliste grand défenseur de la laïcité vient trouver refuge dans un Liban encore libre. Il élève ses trois filles dans la croyance de la liberté, le respect de l'autre. Pour lui la liberté n'est pas négociable. Pourtant ce rêve va se fracasser sur la violence, et la haine que distille la guerre civile.

Darina, cette jeune femme, va évoluer dans ce climat tendu et se construire dans ce qui sera un défi permanent de la peur.

Le sexe, la drogue, le refus de toutes règles sociales et des convenances religieuses sont sa sauvegarde dans une société qui peu à peu va abandonner des valeurs fortes telles que la laïcité, la liberté de pensée. Le religieux prend de plus en plus de place, les communautés se déchirent. Darina lutte et se débat jusqu'à ce que sa famille après la mort de son père décide de l'interner en hôpital psychiatrique. Darina a un comportement de folle, il faut donc l’enfermer.

Aujourd'hui, Darina vit en France

Ce livre touche au plus profond des entrailles, il fait mal. C'est aussi un éclairage sur la situation politique de cette région du monde, à l'heure où l'on parle beaucoup de la Syrie. Il questionne sur les responsabilités de l'Occident sur les conflits chroniques qui sévissent dans cette partie du globe.

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Soie / Alessandro Baricco, Rebecca Dautremer .- Tishina, 2012.

Publié le 30 Mars 2014 dans Romans, Sentiments

Soie / Alessandro Baricco, Rebecca Dautremer .- Tishina, 2012.

Soie est un livre illustré pour adulte, un présent car un véritable bijou. Ce titre place le cadre, celui de la douceur, de la caresse de ce tissu, la soie, tissu presque éphémère quand il vous effleure la peau tant il est doux, léger. Sensualité, mélancolie sont les mots qui pourraient résumer ce conte. Parce qu'il s'agit plus d'un conte que d'un roman. L'écriture est belle, nette et précise, les mots portent le lecteur.

Un homme destiné à une carrière militaire, par un heureux hasard fait connaissance avec un propriétaire de filature qui a vu en lui celui qui lui ramènerait des œufs de vers à soie. Nous sommes dans la France des années 1860. Hervé Joncour, notre personnage principal, va donc devenir un aventurier des contrées lointaines dont la vie se ponctue de voyages au rythme de la vie des vers de soie et de sa jeune épouse qui l'attend patiemment.

Mais un jour les œufs sont décimés par une mystérieuse épidémie, l'économie de la région est menacée. La solution se trouverait de l'autre côté de la planète, une île, une terre encore inconnue de l'Occident qui serait épargnée. L'île n'est autre que le Japon, terre qui commence à s'ouvrir au monde. Une fois encore, il est désigné comme celui qui est le mieux à même de réaliser un tel voyage. Il est donc chargé de ramener du Japon des vers précieux en bonne santé. Pèse sur lui la sauvegarde de la production locale et de l'économie de toute une région.

Sur place il se lie d'amitié avec un homme d'influence et tombe sous le charme de sa jeune maîtresse. De retour chez lui il sera marqué par ce pays et les richesses qu'il cache, mais aussi par cette jeune femme mystérieuse et envoûtante. Ce conte nous parle de l'amour, celui de l'épouse qui attend patiemment son époux, mais aussi l'amour insaisissable, interdit car lointain celui du regard de cette jeune femme maitresse d'un autre homme.

La narration est rythmée par les allers retours des voyages entrepris par Hervé Joncour donnant un côté poétique et musical au conte.

L'illustration de Rebecca Dautremer est remarquable. Elle ponctue le conte de peintures au pastel dont les teintes couleurs sépia, gris, vert, ocre, renvoient à l'impression de la soie. Ou encore des illustrations simplement dessinées, esquisses crayonnées, les dessins parlent, racontent, créent l'émotion.

Cet ouvrage est un véritable bijou, la qualité d'impression, du papier... la jaquette une véritable surprise à elle seule.

Sans les illustrations, je ne sais pas si j'aurai adhéré autant au récit. Elles accompagnent la lecture, donnent de la respiration au récit, et laissent pleinement place à l'imaginaire.

"Il passa la frontière près de Metz, traversa le Wurtemberg et la Bavière, pénétra en Autriche, atteignit par le train Vienne puis Budapest et poursuivit jusqu'à Kiev. Il parcourut à cheval deux milles kilomètres de steppe russe, franchit les monts Oural, entra en Sibérie, voyagea pendant quarante jours avant d'atteindre le lac Baikal, que les gens de l'endroit appelaient : mer. Il redescendit le cours du fleuve Amour, longeant la frontière chinoise jusqu’à l'océan, et quand il fut à l'océan, resta onze jour dans le port de Sabirk en attendant qu'un navire de contrebandiers hollandais l'amène à Capo Terraya, sur la cote ouest du Japon. A pied, en empruntant des routes secondaires, il traversa les provinces d'Ishikawa, Toyama, Niigata, pénetra dans celle de Fukushima et arriva près de la ville de Shirakawa, qu'il contourna par l'est, puis attendit pendant deux jours un homme vêtu de noir qui lui banda les yeux et qui le conduisit jusqu’à un village dans les collines où il passa la nuit et le lendemain matin négocia l'achat des œufs avec un homme qui ne parlait pas et dont le visage était recouvert d'un voile de soie. Noire."

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L’équation africaine / Yasmina Khadra .- Pocket, 2011.

Publié le 26 Mars 2014 dans Romans, Afrique

L’équation africaine / Yasmina Khadra .- Pocket, 2011.

Le docteur Kurt Krausmann bouleversé par le suicide de sa femme décide de changer de vie et de suivre son ami Hans dans une expédition humanitaire en Afrique (équiper un hôpital aux Comores).

Au large du Soudan, des pirates les prennent en otage et en captivité pendant de longs mois, Kurt va faire des rencontres étonnantes, connaître la souffrance, la sienne et celle de l’Afrique, jusqu’à revenir à la vie.

On vit la séquestration, l’enfermement, l’obscurité, la violence, la faim, le désespoir, l’enfer, la loi du plus fort, le rapport de force.

Les maquis, la brousse, la poussière, la soif, les transferts de camps, et le vide, la captivité sans finalité. Mais la rencontre avec Bruno, otage français amoureux de l’Afrique, va aider Hans à comprendre et survivre.

Des hommes imprévisibles, désunis, désorganisés. Il faut guetter la faille pour s’échapper. Hans et Bruno réussissent lors d’un transfert à tuer un pirate et à s’échapper avec la jeep, ils arrivent dans un campement de la Croix rouge au Darfour.

Kurt va tomber amoureux d’une doctoresse Elena Juarez.

Il revient à Frankfort, ramène le cercueil de son ami Hans, fait le tour de ses amis, famille, mais sa vie n’a pas de sens. Il prend une décision et repart en Afrique.

L’équation africaine c’est le dilemme entre la force de vivre, la générosité, la fraternité, la joie de l’africain, la beauté de l’Afrique et le problème politique de gouvernance, la corruption, l’impunité, l’indiscipline, « on y pratique la violence comme un sacerdoce ». L’Afrique et ses contradictions.

"Tu es né en Occident ? Tu as de la chance. Maintenant, tu vas renaître en Afrique et tu vas comprendre ce que ça signifie. »

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Ouragan / Laurent Gaudé . - Actes Sud (Babel), 2010.

Publié le 26 Mars 2014 dans Romans, Etats-Unis, Environnement

Ouragan / Laurent Gaudé . - Actes Sud (Babel), 2010.

Suite à l’ouragan Katrina dévastant la Louisiane en 2005, Laurent Gaudé s’est mis dans la peau de plusieurs personnages avant, pendant et après la catastrophe.

A La Nouvelle-Orléans, tout le monde fuit, ou presque… Les petites gens, les noirs, restent comme…

- Joséphine Linc. Steelson, une vieille dame noire qui se définit comme « une négresse depuis presque cent ans ».

- Keanu Burns, un homme hanté par un accident de travail sur une plate-forme pétrolière, qui revient dans la ville à la recherche d’un ancien amour : Rose Peckerbye, mère célibataire avec un enfant.

- Des prisonniers évadés de prison, tels des animaux sauvages lâchés dans la ville et assoiffés de violence.

- Un révérend qui ne sait plus à quel saint se vouer et qui devient fou.

Le décor est apocalyptique, les alligators envahissent les rues boueuses et menacent.

Ces histoires singulières s’entremêlent tout au long du récit, chacun part chercher quelque chose quand survient la catastrophe : un amour, la vie, la foi, sauf un personnage marquant debout parmi les autres : Joséphine, droite et fière de sa race, de son pays, veut obstinément rester chez elle, consent difficilement à être secourue.

Le fil conducteur est celui de Keanu qui, à contre-courant de la population qui s’enfuit pour se mettre à l’abri, cherche Rose et s’y raccroche comme une bouée, pour survivre à la vie, à ses cauchemars.

C’est à partir du moment où il retrouve Rose, que les personnages se croisent : ce sont des rencontres fortuites sans échanges, celles de la survie ou de la mort.

Pendant que Rose et Keanu se retrouvent, le petit garçon de Rose s’échappe de la maison : Joséphine l’aperçoit dans son quartier, Keanu le cherche pendant des heures, le révérend les voit et dans sa folie commet l’irréparable.

L’écriture de Gaudé est minutieuse et fluide, elle s’étire en de longues phrases, tissant des liens entre les personnages comme une toile.

« Moi, Josephine Linc. Steelson, négresse depuis presque cent ans, j'ai ouvert la fenêtre ce matin, à l'heure où les autres dorment encore, j'ai humé l'air et j'ai dit : "Ça sent la chienne." Dieu sait que j'en ai vu des petites et des vicieuses, mais celle-là, j'ai dit, elle dépasse toutes les autres, c'est une sacrée garce qui vient et les bayous vont bientôt se mettre à clapoter comme des flaques d'eau à l'approche du train.»

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Le sermon sur la chute de Rome / Jérôme Ferrari .- Actes Sud Littérature, 2012

Publié le 26 Mars 2014 dans Romans, Sentiments, Famille

Le sermon sur la chute de Rome / Jérôme Ferrari .- Actes Sud Littérature, 2012

L’histoire d’une famille corse perchée dans un village en montagne.

Elle commence par une photo de famille prise en 1918 où tous les personnages sont présentés, immobiles devant le photographe. On y découvre les liens de parenté entre chaque, on suppose que la famille va se consolider, et c’est au contraire le sentiment de l’absence, parmi tous ces membres, qui s’installe.

Marcel contemple d'abord le spectacle de sa propre absence. «Tous ceux qui vont bientôt l'entourer de leurs soins, peut-être de leur amour, sont là mais, en vérité, aucun d'eux ne pense à lui et il ne manque à personne.»

Marcel n’est pas encore né, il est absent sur cette photo tout comme son père, fait prisonnier dans les Ardennes et travaille dans une mine de sel. Celui rentrera en 1919, les cils brûlés par le sel, les mains usées par l’acidité, les lèvres séchées. Marcel est un enfant du retour de guerre, le fruit « sec » des retrouvailles de ses parents.

Mais ce n’est pas un enfant de la vie, plutôt celui de la survie malgré les horreurs, la fatigue, le désespoir subi. Marcel a traversé le 20e siècle sans trouver sa voie ni le bonheur. Est-il né mort, a-t-il existé ? Fils blessé (ulcère), mari fataliste, grand père injuste..

Toute l’histoire de cette famille est placée sous le signe de la décomposition, de l’absence, du désastre.

Cette déchéance des hommes est comparée avec la chute de l’empire romain. L’auteur fait référence à l’évêque Saint Augustin qui, en 410 lors de la chute de Rome, prononce dans la cathédrale d’Hippone devant ses fidèles un sermon rassurant et cruel : “Le monde est comme un homme : il naît, il grandit et il meurt.” « Toute entreprise humaine est vouée à la décadence ».

Comme les corps des hommes, les empires s’élèvent, vivent, puis s’écroulent.

Jérôme Ferrari nous montre qu’il en est de même pour l’homme.

Dans cette histoire, tous les personnages ont vainement essayé de quitter leur village, pour faire carrière dans l’armée ou tenter des études à Paris. Mais ils sont tous revenus pour s’y réfugier, construire leur vie pour mieux la détruire.

Ainsi, le petit fils Mathieu et son ami Librero, élevé avec lui comme son frère. Partis étudier en philosophie à La Sorbonne, ils reviennent reprendre le café familial. Dans cette institution pleine de vie, les portraits d’hommes et de femmes avec toutes leurs fragilités sont brossés, leurs relations et leur déchéance : la faiblesse, l’envie qui passent par l’alcool, le sexe, la corruption, le crime.

Une seule lumière dans ce récit, c’est Virginie, la sœur de Mathieu qui part en Algérie vivre sa passion d’archéologue sur le site d’Annaba (anciennement Hippone) où Saint Augustin fut êvèque. Elle vit un amour impossible, du au choc des cultures et à son tour, joue l’absente.

«Aurélie comprenait qu'il n'y avait qu'un endroit où elle pourrait vivre librement sa relation avec Massinissa (algérien qui participe avec elle aux fouilles) et cet endroit n'était ni la France, ni l'Algérie, il relevait du temps, non de l'espace, et n'était pas situé dans les limites du monde. C'était un morceau de Ve siècle, qui subsistait dans les pierres effondrées d'Hippone où l'ombre d'Augustin célébrait encore les noces secrètes de ceux qui lui étaient chers et ne pouvait s'unir nulle part ailleurs.»


Massinissa fut le roi numide qui intégra Hippone à son royaume et Aurélie est la seule qui en elle-même réunit des mondes disparus comme elle relie au sein de sa famille les différentes générations.

J.Ferrari a voulu comparer le monde aux hommes, la même fragilité, le même désir de s’affirmer, de se trouver. Dans ce sombre roman qui dégage une grande force envoutante, déroutante, c’est l’espoir et la quête vers la vie qu’il faut retenir.

Les moins :

Phrases très longues de plusieurs pages.

Déstructuré dans le temps. Retours en arrière, on a du mal à s’y retrouver dans les prénoms et l’arbre familial.

Références historiques et religieuses.

Le lire deux fois pour mieux l’apprécier.

«Elle ne lui laissa pas de lettre. Elle ne voulait pas lui laisser autre chose que son absence car c'est par son absence qu'elle hanterait Massinissa pour toujours, comme le baiser d'une princesse disparue hantait encore le roi numide qui portait son nom.»

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Mille femmes blanches : les carnets de May Dodd / Jim Fergus .- Pocket, 2012

Publié le 26 Mars 2014 dans Romans, Etats-Unis, Indiens, Histoire

Mille femmes blanches : les carnets de May Dodd / Jim Fergus .- Pocket, 2012

Will Dodd décide de comprendre une légende familiale gardée secrète : il veut retracer la vie de son arrière grand-mère, son ancêtre dérangée, internée dans un asile de fous, enfuie pour vivre chez les Indiens. Pour la famille de riches industriels de Chicago, c’est une honte. Il va compiler des écrits protégés par la Réserve indienne de Tongue River, au sud-est du Montana pour comprendre son histoire.

Celle-ci s’inspire d’un évènement vrai : celui de l’accueil à Washington en 1874 du grand homme-médecine cheyenne Little Wolf par le Président Grant pour négocier une paix durable avec les blancs. Pour assurer la survie de son peuple et établir un mélange des races, il demande le présent de mille femmes blanches contre mille chevaux, cinq cents bêtes sauvages et cinq cents autres dressées.

Ainsi naquit le programme secret « Femmes Blanches pour les Indiens ». En plus d’apaiser les sauvages en leur offrant gentiment les épouses désirées, la « Noble Femme Américaine », œuvrant de conserve avec l’Eglise, pourrait exercer une influence positive sur les Cheyennes qui bénéficiant ainsi de quelques instruction, troqueraient leur pratiques barbares contre une vie plus civilisée.

L’administration va recruter ces femmes dans les asiles, les prisons, les pénitenciers, certaines se portent volontaires (des célibataires, des esclaves émancipées, des jeunes veuves).

En 1875, le premier train part pour les Plaines du Nord à partir de Washington, suivi de plusieurs convois en partance de New York, Boston, Philadelphie et Chicago.

May Dodd, 25 ans, fait partie du voyage vers le Camp Robinson dans le Nebraska.

Elle se retrouve mariée à Little Wolf, le chef cheyenne. Face aux difficultés du quotidien et au retour à l’état naturel des choses (vivre par terre, s’habiller avec des peaux, les attaques ennemies…), ce groupe de femmes devient soudé et solidaire, elles sont fières de leur mission et réussissent même à apporter une certaine vision moderne des rapports conjugaux ou de la place des femmes. Ce thème est même traité avec humour.

Complètement assimilées, elles vont enfanter et se battre aux côtés de leurs maris contre les troupes américaines impatientes de placer les tribus dans des réserves.

Le récit s’achève tragiquement, sur le malheureux sort des indiens que l’on connaît, avec son lot de crimes, de campement incendiés, et de peuples décimés.

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Come Prima / Alfred .- Delcourt (Mirages), 2013.

Publié le 26 Mars 2014 dans BD, Voyage, Sentiments, Famille

Come Prima / Alfred .- Delcourt (Mirages), 2013.

Fauve d'or d'Angoulême - Prix du meilleur album 2014

Fabio a quitté l’Italie natale rompant ainsi les liens avec sa famille. Il mène depuis dix ans une vie d’exilé misérable et pathétique tant du côté affectif que professionnel car les rancœurs du passé le rongent.

Un soir, Giovanni, son petit frère arrive d’Italie sans prévenir avec une urne sensée contenir les cendres de leur père, qu’il compte bien ramener dans leur village, à deux.

Dans une Fiat 500, seul héritage paternel, le voyage va rapprocher les deux frères jusqu’à la destination finale. Règlements de comptes, honte pour l’un et culpabilité pour l’autre, animent le périple avec des rencontres révélatrices, qui amèneront les hommes à faire tomber chacun le masque pour mieux se comprendre et se réconcilier. Illustrée de flash-back en teinte sépia, comme le cinéma des années soixante, l’histoire révèle le pourquoi de l’exil de Fabio, le conflit avec le père.

La seconde guerre mondiale a laissé des blessures qu’il faut cicatriser. Fabio s’est enfui, après une altercation paternelle, dans les campagnes d’Afrique menées par les chemises noires, à l’instar de sa famille engagée dans la résistance. Le poids de la culpabilité, la honte, la peur des retrouvailles avec le père, le regard des autres sont difficiles à assumer. C’est sur la route, dans ce road-movie aux accents de Sole mio (devenant « Vaffanculo ! ») que les deux hommes vont se réconcilier, c’est un voyage expiatoire.

Le duo fraternel est réaliste et puissant. L’humour côtoie la profondeur des sentiments. Le retour aux sources et le goût des choses (les oranges italiennes) humanisent ce personnage de grand frère dur qui s’attendrit et ouvre les bras vers son frère. Le portrait lumineux d’une femme, la sœur adoptive, fait jaillir les non-dits et ramène ces deux êtres à l’essentiel : la vie et le pardon.

Come Prima / Alfred .- Delcourt (Mirages), 2013.
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Tabula rasa / Pierre Maurel. - Gallimard Jeunesse (Bayou), 2014.

Publié le 26 Mars 2014 dans BD, Science-Fiction, Planète, Environnement, Alimentation

Tabula rasa / Pierre Maurel. - Gallimard Jeunesse (Bayou), 2014.

Gallimard jeunesse, 2014 (Bayou)

Suite à un immense scandale alimentaire ayant entraîné la mutation de plus de la moitié de la population, les rescapés tentent de survivre dans un univers dévasté. Mishka et Hazel, deux jeunes épargnés, tentent de trouver La Lyre, zone mythique censée abriter l’une des dernières communautés épargnées par le cataclysme.

Tabula rasa… le titre de l’album renvoie à ce concept philosophique selon lequel l’esprit humain naît vierge et se forge une morale et une personnalité au gré des expériences de la vie. Mais la table rase, c’est aussi une manière de faire peau neuve, recommencer, balayer le passé, le monde ancien, afin de construire autre chose ; ce qu’illustre aussi cette bande dessinée.

Dans un monde dévasté et apocalyptique, Mishka et Hazel cherchent à rejoindre le dernier refuge d’humanité, qui aurait épargné par la catastrophe : la Lyre.

On assiste au fur et à mesure de leur parcours à une guerre civile qui déchire les hommes, défigurés et transformés en mutants violents qui traquent toute personne saine. La peur de l’autre, considéré comme un étranger, la méfiance mènent au repli sur soi et à la guerre. Ces monstres sont victimes de la consommation d’un aliment, le Nutriflex, fabriqué par la toute puissante industrie agro-alimentaire. Les épargnés, ayant les moyens de consommer de la nourriture non modifiée, seraient regroupés au fond d’un bois au sein d’une communauté appelée la Lyre.

Les jeunes vont vite déchanter au contact des membres de cette micro-société, dirigée par deux dirigeants de l’entreprise responsable et qui leur font effectuer toutes les tâches les plus ingrates de la collectivité.

L’aventure se termine par la découverte d’un refuge vitré habité par deux filles végétariennes…le bon vieux CenterParc désaffecté.

L’auteur met en parallèle son intrigue avec les dérives économistes de l’industrie, les biotechnologies et les dérives génétiques, autant de menaces qui pèsent sur l’avenir du monde et de la civilisation.

Il fustige le manichéisme en mettant en scène un monde où les mutants considèrent tous les humains non contaminés comme leurs ennemis, les chassant sans pitié. Ils apparaissent comme les victimes d’une forme de bien-pensance monstrueuse, meurtrière, où la réflexion et la distance critique sont bannies.

Puis, quand des mutants se lancent dans le commerce des téléphones portables et tablettes, c’est le consumérisme effréné, destructeur des valeurs humanistes les plus fondamentales, que pointe le récit.

Tabula rasa / Pierre Maurel. - Gallimard Jeunesse (Bayou), 2014.
Tabula rasa / Pierre Maurel. - Gallimard Jeunesse (Bayou), 2014.
Tabula rasa / Pierre Maurel. - Gallimard Jeunesse (Bayou), 2014.
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Phrixos le fou / Miquel de Palol.- Zulma, 2013

Publié le 14 Mars 2014 dans Romans

Premier volet d’une trilogie, Le Jardin des sept crépuscules, parue à Barcelone en 1989 et traduite en castillan dès 1992, Phrixos le fou, de Miquel de Palol, arrive enfin à nos petites oreilles françaises.

[L’intrigue : ]  Tout commence par l’Apocalypse : une guerre nucléaire a eu lieu, plusieurs mêmes, appelées étrangement, nous le comprendrons plus tard, les Quatre Guerres du Divertissement. Le narrateur, jeune membre de la classe dirigeante, s’enfuit de Barcelone, tombée comme le reste du monde dans l’anarchie, pour gagner une forteresse cachée dans le repli de hautes montagnes. C’est dans le luxe insensé de cette demeure, véritable palais labyrinthique avec ses jardins et ses souterrains qu’il va trouver refuge avec une poignée d’éminents représentants de la haute société internationale. Dans ce décor somptueux, raffiné et surprenant, ils semblent tous oublier entièrement les événements qui bouleversent la planète.

Cette petite société se livrera, lors de trois journées mémorables qui sont autant de fractions de ce roman-gigogne, au plaisir délectable et retors de raconter et d’écouter des histoires, chacun sous un angle qui lui est propre.

Phrixos le fou / Miquel de Palol.- Zulma, 2013
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La fournaise (t1) : enfermé / Alexander Gordon Smith. Pocket Junior, 2013

Publié le 14 Mars 2014 dans Romans, Ado, Fantastique

La fournaise (t1) : enfermé / Alexander Gordon Smith. Pocket Junior, 2013

Alex, treize ans, est un voyou ses passe-temps favoris sont de racketter et humilier ses camarades de classe et comme ces petits larcins ne rapportent pas assez ils décident avec son ami Toby de se lancer dans les cambriolages.

Mais comme dans les films les deux garçons décident de faire un dernier coup et c’est là que ça va mal tourner puisqu’ils vont se faire piéger. En effet, une fois à l’intérieur de la maison ils vont vite se rendre compte qu’ils ne sont pas seuls. Une dizaine d’hommes en noir les attendent…

Ils sont, au début, persuadés qu’il s’agit de policiers venus les arrêter suite à une dénonciation mais ils vont vite se rendre compte que c’est bien pire que ça. Une fois les deux amis regroupés dans le salon, l’un de leurs poursuivants tue Toby sous les yeux d’         Alex avant de lancer l’arme du crime à ce dernier qui va bien évidemment par réflexe la rattraper et y laisser ses jolies empreintes ! Juste après ça, deux hommes en noir poussent Alex au dehors de la maison et l’obligent à s’enfuir. S’ensuit alors une cavale de quelques heures pour le jeune homme qui ne sait où aller, mais qui sera rapidement retrouvé et arrêté par les policiers cette fois-ci.

Ils l’accusent, en plus du cambriolage, d’avoir assassiné son ami. Il nie bien sur les faits tout au long de son incarcération et jusqu’au moment de son procès. Mais il a beau raconté à tout le monde ce qui s’est réellement passé personne ne le croit, même lorsque les hommes en noir entre dans le tribunal le jour de son procès et qu’il les désigne comme les véritables coupables et instigateurs de ce complot.

Alors pourquoi personne ne le croit ? Tout simplement parce que ces hommes sont les représentants du pénitencier de la Fournaise. Ce dernier a été construit il y a quelques années à la suite de ce que tout le monde appelle  « l’été du massacre » durant lequel les gangs constitués d’ado se sont entre-tués dans toute la ville.

En voici une description :

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