« Et puis, Paulette… » n’a l’air de rien comme ça, lorsqu’on commence à le lire. Des chapitres courts, mais hauts en couleur, d’une écriture simple et directe. Passées 10 pages, on se découvre à se laisser charmer sans s’en être rendu compte. Une lecture démarrée le matin, interrompue pour de simples contingences matérielles à plusieurs reprises pendant la journée (vous savez : manger un petit morceau, faire un jeu de société, étendre une lessive)… mais se retrouver immédiatement après bien calée dans le canapé et dire : « chut… je lis… » Et tourner la dernière page, le soir même en ayant eu l’impression d’avoir passé la journée dans une bulle. Le temps s’était arrêté.
Bon, il va falloir que je sois plus précise… Parce que finalement, c’est du temps qu’il s’agit, dans ce livre –là. Le temps qui passe pour soi et pour les autres. Pour Ferdinand (70 ans) qui vit seul dans sa grande ferme vide. Un « con » comme dirait son fils Roland qui habite au village avec Mireille et leurs deux enfants, Ludo et p’tit Lu, les deux Lulus de la famille (6 et 8 ans).
Et puis il y a aussi Marceline, qui vit pas très loin, et qui vend des légumes au marché, que l’on voit passer avec son âne mais qu’on ne connait pas vraiment. Deux vieilles filles : les deux sœurs Lumière, Simone (88 ans) et Hortense (95) qui perd un peu la boule. Il y a aussi Muriel, élève infirmière qui fait des extras au restau du village ; Kim, élève en lycée agricole, qui ne jure que par le bio… et d’autres encore.
Chacun vit un peu dans son coin, les jeunes avec les jeunes, les anciens avec leurs propres solitudes, déceptions de vie, chagrins…
Je les ai suivis page après page, les ai même rencontré jusqu’à ce qu’eux même se rencontrent vraiment. Car un orage vient de détruire le toit de Marceline, qui est un peu sans le sou, et n’a nulle part où aller. Alors Ferdinand, le bourru, le solitaire finit par l’inviter. Et de fil en aiguille, la ferme vide, peu à peu se remplit et recommence à vivre. Le rejoigne un ami d’enfance devenu veuf, les deux vieilles filles affolées, des étudiants… Tout ça parce que le temps passe trop vite et que l’on s’est rendu compte qu’on avait besoin des autres, que la solitude est dure à porter, que les sous manquent quand on est seul, que l’on soit jeune ou vieux. Que chacun peut apporter ce qu’il est et enrichir le groupe. Une communauté d’entraide naît autoproclamée avec beaucoup d’humour solidarvioc.
Un petit bijou !