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Les Suprêmes, c’est l’histoire d’une vie et l’histoire d’une amitié entre 3 femmes afroaméricaines depuis les années 60 : Clarice, Odette et Barbara Jean.
Les « Suprêmes »… un surnom donné par leur entourage en référence au groupe des seventies et à leur amitié à toute épreuve.
"Clarice ne ferait jamais la moindre réflexion à Barbara Jean sur ses habitudes vestimentaires, et nous le savions toutes deux. De la même manière, Clarice et Barbara Jean ne me diraient jamais en face que j'étais grosse, et nous ne rappellerions jamais à Clarice que son mari se tapait tout ce qui bougeait. Entre Suprêmes, nous nous traitions avec beaucoup de délicatesse. Nous fermions les yeux sur les défauts des autres et faisions preuve de prévenance, même quand cela n'était pas mérité. "
On les rencontre alors qu’elles abordent déjà la cinquantaine et qu’elles se retrouvent tous les dimanches chez Earl, le café-restau du coin, dans une petite ville de l’Indiana.
Le livre dépeint leur vie –bonheurs et drames- par un jeu d’allers-retours entre leur enfance et leur vie présente et aborde en filigrane autant les mésaventures de couple (mari infidèle) que la ségrégation ou les différentes confessions religieuses de chacune. Les Pentecôtistes compatissants pour Odette ; la Calvary Baptist pour Clarice ; la Holy Family Baptist à paillettes pour Barbara Jean.
Tous les dimanches, le pasteur transmettait à ses fidèles l'ultime message d'un
Dieu en colère . Les paroissiens repartaient persuadés que la Calvary Baptiste et le révérend Peterson constituaient l'unique rempart capable de les protéger d'une éternité de souffrance en enfer. Ils étaient convaincus qu'à l'instar de Noé, lorsque Jésus descendrait sur la terre pour les emmener au ciel avec Lui , ils abandonneraient derrière eux ceux des habitants de Plainview qui n'auraient pas fréquenté leur église !!.
Odette, par exemple, né dans un sycomore, intrépide depuis toujours, se bat depuis peu contre un cancer et se soulage en fumant de la marijuana tout en conversant avec les fantômes de sa mère et d’Eleanor Roosevelt.
Clarice, pianiste douée à la carrière avortée subit les infidélités chroniques de son mari depuis des années, tout en donnant l’apparence d’une femme sage, bien élevée et docile… jusqu’au jour où après 30 ans de mariage, elle fait maison à part prend son mari pour un simple amant à sa disposition. Garder le meilleur… et se prévenir du pire, vivre en femme libre, libérée de la pression sociale. Barbara Jean, quand elle a un parcours bien plus compliqué. Fille modelée par une mère prête à tout pour qu’elle se marie à coup de décolleté et de tenues à strass avec un homme riche ; victime des amants de sa mère, elle est sauvée à son adolescence par Clarice et Odette qui la prennent sous leur aile.
Ce jour là, en l'honneur de son bébé à venir, ses amies avaient organisé une fête au Pink Slipper, le club pour gentlemen appartenant à Forrest Payne, où elle travaillait comme danseuse. Elle avait souvent raconté à Barbara Jean n'avoir consommé que des whiskys citron durant sa grossesse car, comme chacun sait, les bébés naissaient avec des cheveux impossibles à coiffer lorsqu'on buvait de la bière. "Tu vois, mon cœur, lui disait-elle, maman a toujours bien pris soin de toi.
Mais l’existence de cette belle jeune femme et éternelle bombe sexuelle reste contrariée tout au long des années par un amour interdit qu’elle a vécu avec Chick, « le roi des petits Blanc craquants » qui est capable pour elle de chanter faux et de danser le blues en secouant les hanches et en remuant son petit derrière. Barbara Jean, qui pour se mettre à l’abri de la vie se mariera avec un homme riche bien plus âgé qu’elle, mais se retrouvera prisonnière de la mort de son fils et de ses sentiments en noyant dans l’alcool ses fautes et ses culpabilités.
Certes, nombreux sont les sujets graves ou tristes à être abordés dans cet ouvrage là mais pourtant… tout en fait un plaisir de lecture auprès de personnages dont la force de vie s’élance malgré tout... dans lequel l’humour aussi jaillit de ces quotidiens nourris par les drames.
Un premier roman prometteur et plein d’humanité d’un auteur violoncelliste professionnel, qui pourrait bien nous livrer une suite à ces aventures …
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