Une biographie en bande dessinée de l'une des premières féministes qui met en avant son engagement humaniste, au profit des femmes et des déshérités.
Catel et Bocquet n’en sont pas à leur premier coup d’essai et excellent dans le genre : après une BD autour de Kiki de Montparnasse les voilà de retour avec Olympe de Gouges. Certes, cette BD de près de 500 p. n’est pas la dernière, il y a eu en effet dernièrement la parution d’un nouvel opus autour de Josephine Baker … qu’on vous présentera sans aucun doute prochainement. Mais aujourd’hui, concentrons-nous sur Olympe (de son vrai nom Marie-Gouze) : voici une bande dessinée qui illustre et interroge le rapport à l’égalité … homme / femme sous l’angle historique.
En noir et blanc, elle déroule toute la vie de notre célèbre figure montalbanaise pour qui :
La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droit. La femme a le droit de monter à l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune (Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne -1791)
De sa naissance en 1748 à sa mort sur l’échafaud en 1793, nous plongeons donc dans l’histoire de l’Ancien régime et de la période révolutionnaire et des combats d’une femme libre, femme de lettres puis femme politique.
Quelques jalons :
Déclarée fille de Pierre de Gouzes, bourgeois-boucher mais fille adultérine de Lefranc de Pompignan, Marie-Olympe est mariée-sacrifiée à 17 ans à Louis-Yves Aubry inculte, grossier, ni doux, ni compréhensif et dont elle a un fils, Pierre. Veuve un an plus tard et donc libre de ses mouvements, elle adopte alors le pseudonyme d’Olympe de Gouges. Elle rencontre l’année suivante son amant et protecteur Jacques Biétrix qu’elle refuse d’épouser mais qu’elle suivra à Paris où elle rentrera assez rapidement dans les cercles mondains et autres salons dans lesquels elle fréquente de nombreuses personnalités (duc de Chartes, le futur duc d’Orléans, Benjamin Franklin, le marquis de Concordet…) Elle crée en 1780 une troupe de théâtre amateur, s’adonne à l’écriture (pièces de théâtre et un roman à clefs épistolaire) et prend position et échappe à la Bastille une première fois en 1785 car elle se brouille avec certaines comédiennes du Théâtre français.
En 88, très proche du comité orléaniste, elle publie sa première brochure politique Lettre au peuple ou projet d’une caisse patriotique dans laquelle elle propose un « impôt patriotique » et volontaire, incitant chaque français à économiser sur son train de vie.
Sa posture de monarchiste réformatrice (elle publie par la suite Le cri du sage par une femme où elle prône l’entente de la noblesse et du Tiers) lui attire bon nombre d’ennemis ultraconservateurs qu’elle qualifie de « sots insoutenables » et « perroquets de cour ». C’est la période du serment du jeu de paume où le roi engage la noblesse et le clergé à rallier le tiers état : c’est la naissance de l’assemblée nationale.
Olympe est une femme de son temps, engagée, militante. Son militantisme d’ailleurs lui fait courir de plus en plus de risques : prise de position pour que le roi abdique au profit d’un régent (le duc d’Orléans), prise de position en faveur des esclaves (Représentation de L’Esclavage des Nègres ou l’heureux naufrage en 1790…), et des femmes (pièce Nécessité du divorce puis la célèbre déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en réaction à la faible place accordée aux femmes dans la nouvelle constitution inspirée de la Déclaration des droits de l’homme fraîchement acceptée par le roi)
Ses dernières contestations, en tant que défenseuse des girondins (Testament politique d’Olympe de Gouges – 1793) et contre la Convention la mène à la guillotine inaugurée l’année d’avant car elle est dénoncée par son afficheur. Elle clamera le ridicule d’être « bastillée pour ses textes » : « Que l’on me juge donc. La mort ou la liberté. » et continuera d’affirmer haut et fort ses engagements malgré son arrestation :
Et vous, magistrats, qui allez me juger, apprenez à me connaître ! Ennemie de l’intrigue, loin des systèmes, des partis qui ont divisé la France au milieu du choc des passions, je me suis frayée une route nouvelle, je n’ai vu que d’après mes yeux ; je n’ai servi mon pays que d’après mon âme ; j’ai bravé les sots ; j’ai frondé les méchants et j’ai sacrifié ma fortune entière à la révolution.
Une bande-dessinée fidèle et dense d’un destin hors norme avec en fin d’ouvrage, pour ceux qui se seraient quelque peu noyés dans cette période historique trouble, une chronologie bien fournie d’Olympe et des principaux évènements de son temps mais aussi plein de petites fiches sur tous ces personnages qui croiseront sa vie ou son temps : de Jean-Jacques Lefranc de Pompignan, à Jean-Jacques Rousseau en passant par Benjamin Franklin, Condorcet, Voltaire ou bien encore le Docteur Guillotin.
Tout ce qu’il faut finalement pour découvrir ou redécouvrir notre histoire tout en s’amusant…
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