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Les chroniques de la Rue des livres

Les présentations de romans, albums pour petits et grands, diffusées sur Radio d'Oc Moissac

Les Indociles / Murielle Magellan.- Julliard, 2016

Publié le 5 Septembre 2016 in Romans, Désir, Femme, Art

Les Indociles / Murielle Magellan.- Julliard, 2016

Murielle Magellan est romancière, dramaturge et scénariste. Née à Limoges et a grandi à Montauban.

Découverte avec N’oublie pas les oiseaux, paru en 2014 que je vous avais présenté lors de l’émission 36… Pour moi, si vous vous en rappelez, c’était un livre avec lequel on avait rendez-vous, un rendez-vous presque amoureux qui m’avait fait voir 36 chandelles ! L’auteur, par le biais d’un récit autobiographique, nous confiait sa relation passionnelle avec Françis Morane. Une histoire d’amour fou.

Alors, lorsqu’elle nous est revenue avec ce nouvel opus qu’est Les Indociles, j’ai senti que j’avais de nouveau rendez-vous… J’ai malgré tout pris mon temps en tournant autour, en lui glissant des œillades, en le laissant partir dans d’autres mains que les miennes, en rencontrant d’autres textes avant lui… J’ai construit tranquillement mon désir de le lire. Mais il ne fallait plus tarder sous peine de rater le rendez-vous …

Me voilà donc aujourd’hui avec vous et avec Les Indociles de Murielle Magellan, une fiction cette fois, autour du désir et de la création artistique.

Au cœur de l’histoire, Olympe Delbort :

Olympe a trente-sept ans et elle n'a jamais vraiment écouté une phrase jusqu'au bout. On n'est pas l'une des galeristes les plus en vue de paris, à trente-sept ans, sans avoir un fond d'impolitesse, un mépris de la lenteur, une persistante hâte.

C’est une femme libre et moderne, pleine de contradictions, irrésistible et vénéneuse présentée comme un Don Juan au féminin.

Rien n'est jamais plus simple que la sexualité d'Olympe, désirer et être désirée, le dire, le faire. Elle s'étonne que cela puisse chez certains engager tant de choses, alors que c'est pour elle un pétillement, une récréation.

Olympe croque la vie, fonctionne au désir que ce soit avec les hommes, les femmes ou l’art, se nourrit aux sensations, vibre, s’engage de tout son être ou se retire et se désintéresse si plus rien n’aiguise ses sens. Olympe va toujours au plus haut d’elle-même, créé le tourbillon autour d’elle, bouscule sans malveillance. Olympe comme De Gouges, est indépendante et révolutionnaire dans l'âme. Elle est séductrice plus intéressée par le fait de conquérir que de posséder. Elle assouvit ses désirs et avance dans la vie en conquérante. Bien entendu, elle a ses failles, ses traumatismes d’enfance qui l’empêchent de croire en l’amour. Elle, elle croit au corps, pas aux cœurs.

Olympe c’est aussi le succès et l’originalité.

Et puis elle rencontre deux hommes : Paul Anger et Claude Solal. Le premier, astrophysicien, directeur de recherche au CNRS est marié, heureux dans une existence calme et un rien bourgeoise. Il ne connait rien à l’art, est un homme timide, qui se tient droit dans la vie mais sans secousses ni tumultes. L'autre est un artiste, un vieil homme abîmé par la vie qui peste, éructe, crache sur le monde de l’art parisien et vit dans l’obscurité d’un anonymat criant. Un vagabond immobile et un artiste encore et toujours en recherche d'une créativité qui ne demande qu'à s'exprimer. Au premier, elle va demander ce qu'elle n'a jamais attendu d'aucun autre partenaire et va parier sur le cœur. Au second, elle va promettre la gloire et la reconnaissance. Elle, saura le porter à la lumière…

D'abord réticents, inquiets de quitter leur tranquillité, les deux hommes rendent les armes face au désir d'Olympe.

Un bel extrait de ce que sont les indociles, à propos d'Olympe et Solal :

Ils sont assommés par cet échange qui les ramène à ce qu'ils sont : des indociles. Des marcheurs de côté. Des êtres qui échappent à la définition. Ils ne se sont jamais pliés à une seule loi, une seule façon d'aller au monde. Ils sont conventionnels, puis ne le sont plus. Réactionnaires puis profondément ancrés dans leur époque. Ils ne pensent pas en "école" en "tendance" en "famille". Ils ne veulent entraîner personne derrière eux, ni créer des courants qui seraient des courants d'air. Si on les suit, c'est comme une fête, dont on sait qu'elle finira tout à l'heure. Ils dansent sur les fils de leurs émotions, et de leur intelligence, passant de l'un à l'autre quand on les attend ailleurs. Ils s'enthousiasment et s'indignent sans que l'on puisse savoir vraiment quand ni pourquoi, car ils n'en font pas une spécialité. [...] Les indociles débordent.

Une belle réflexion sur l’amour, le désir et l’art, servie par une écriture énergique, à l’image d’Olympe.

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