L’écrivain franco-syrien Maram al Masri fait le portrait de femmes victimes de violences, en France et dans le monde. Chaque texte est inspiré par une histoire vraie, une femme réelle et rencontrée. Ces poèmes – d’une écriture directe et simple – sont d’une grande émotion. Ils disent, avec beaucoup de tendresse, la douleur, mais aussi la dignité, la volonté de résister et de vivre libre, la joie et l’humour aussi, parfois, ainsi que le rêve et la fantaisie.
Aborder le problème de la violence, c'est se transporter dans un monde où règnent : destruction, souffrance et désolation.
La violence est, pour celui qui la porte un intrus qui s'installe dans le cœur et, de l'intérieur, transforme le psychisme en un "champ de bataille"; elle détruit un par un les sentiers qui mènent à la communication avec les autres, à l'amour et au bonheur.
Elle prive ainsi l'âme de la possibilité d'accéder à sa propre humanité. (extrait de la postface)
Deux poèmes à partager dans le cadre de la semaine des violences faites aux femmes qui a lieu chaque année au mois de novembre :
Je les ai vues.
Elles,
leurs visages aux bleus camouflés.
Elles,
leurs meurtrissures cachées entre les cuisses,
Elles,
leurs rêves capturés, leurs mots muets,
Elles,
leurs sourires fatigués
Je les ai vues
toutes
passer dans la rue
âmes aux pieds nus,
regardant derrière elles,
inquiètes d'être suivies
par les pieds de la tempête,
voleuses de lune
elles traversent,
déguisées en femmes normales.
Personne ne peut les reconnaître
sauf celles
qui leur ressemblent.
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Je voudrais être une femme.
Signe distinctif :
un sourire éternel sur les lèvres,
des baisers
profonds comme le miel.
Je voudrais être une femme
qu'on ne peut ni additionner
ni soustraire
ni multiplier
ni diviser
ni gommer
ni sommer
ni assommer.
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